Antoine Sfeir dénonce l’emprise grandissante du Qatar islamiste en France

Le spécialiste libanais Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l’Orient, dénonce la lâcheté des autorités françaises qui laissent se faire acheter leurs entreprises stratégiques et financer l’islamisme associatif, dans Le Parisien :

© Observatoire de l’islamisation

« Les musulmans aspirent à un bien-être que les juifs ont eu en France »

« Deux jours et pas une seule idée ! ». Nicolas Sarkozy était, mardi 10 avril à Drancy, et au lendemain de la tournée de deux jours de François Hollande dans les banlieues.

Même s’il se défend d’organiser cette visite en réponse à son principal adversaire, le candidat-président ne manque pas de tacler à plusieurs reprises la tournée socialiste. « Il y a ceux qui exploitent et ceux qui font« . Et de citer le plan de rénovation urbaine initié par Jean-Louis Borloo et le second qu’il promet en cas de réélection. (…)

« D’abord, parlez-moi franchement« , demande Nicolas Sarkozy aux responsables religieux qu’il rencontre salle Jean Jaurès. L’imam de Drancy est le premier à parler. « L’islam de France, c’est notre rêve« , lance Hassen Chalgoumi, lui-même auteur d’un ouvrage sur le sujet. « Vous êtes celui qui en parle le plus« , ajoute-t-il. Il regrette l’importation du conflit israélo palestinien en France et souhaite que les imams y soient formés. Sarkozy acquiesce et rappelle qu’il a insisté pour que les Palestiniens entrent à l’Unesco. ET d’ajouter : « Sur la formation des imams, nous sommes prêts à aller assez loin« . Le candidat UMP souligne que la laïcité est positive, que c’est un droit. « Tous ensemble on doit lutter contre ceux qui veulent dévoyer les religieux« .

« Notre djihad à nous c’est la tolérance »

Assis à côté de lui, le rabbin prend la parole. « Les musulmans aspirent à un bien-être que les juifs ont eu en France. » Le pasteur de Bobigny se lance dans un plaidoyer sur le pardon et la jeunesse. « Trop souvent, on oublie la jeunesse « . Le pasteur enchaine et encourage les candidats à des « rapports chaleureux » : « si vous le faites vous gagnerez beaucoup« . « Notre djihad à nous c’est la tolérance« , dit un autre imam.

Interrogé sur les liens du Qatar avec les prédicateurs récemment interdits de territoire, le candidat rétorque, un peu embarrassé, que le pays des émirats incarne « la modernité de l’islam« … Avant de sous-entendre qu’en raison de ses ressources pétrolières, il n’est pas évident de s’y opposer…

« La prochaine fois il viendra moins longtemps, il sortira plus d’idées »

Sitôt sorti, Nicolas Sarkozy oublie les bonnes paroles du pasteur et rebondit sur la visite de François Hollande en banlieue et répète : « Je suis très impliqué dans la vie des quartiers, depuis longtemps. J’ai vu que M. Hollande y avait passé deux jours. Mais il n’y a pas une seule idée qui soit sortie« . Dans le centre berbère flambant neuf, un peu plus loin, il rend hommage à « cette communauté qui n’a jamais posé de problème en France« .

(…)

Estelle Gross © Le Nouvel Observateur

Jusqu’où va-t-on laisser l’influence du Qatar se développer ?

On voit apparaître en France depuis quelques années un émirat musulman particulièrement dynamique : le Qatar. Il envahit notre économie. C’est une invasion par le haut. Le Qatar est le 3° exportateur mondial de gaz. Ce qui lui permet de détenir le record du plus haut revenu par tête au monde, et d’investir notamment en France, mais aussi en Grande Bretagne et en Allemagne. Le Qatar est un pays minuscule, grand comme la Corse. Il est dirigé par le Cheikh Hamad Al Thani. Il abrite 1,8 million d’habitants dont 10 % seulement sont des Qataris de souche, musulmans sunnites. Le reste est composé de travailleurs immigrés dont quelques jeunes Français de nos banlieues.

Les Qataris sont depuis peu les premiers actionnaires de Lagardère, avec 26% du capital. Or, cette société est gros actionnaire de Hachette, Europe 1, Canal +, et EADS, société mère d’Airbus. Il n’y a pas plus stratégique que la communication et l’aéronautique ! Le Qatar a aussi des participations dans Total, LVMH, Vinci, Veolia, et possède plusieurs palaces hôteliers à Paris et à Cannes. S’ajoute à ces investissements une résidence somptueuse dans l’ile Saint-Louis, l’Hôtel Lambert qui appartenait autrefois à Guy de Rothschild

Mais c’est un investissement relativement modeste 40 Millions d’euros, qui a fait le plus de bruit en France : l’achat du PSG.

L’émir désire avec l’aide du français Richard Attias, spécialiste des grands événements, faire du Qatar une capitale du sport, avec tournois de tennis, courses automobiles ou cyclistes. Le Qatar a même remporté l’organisation de la Coupe du Monde de football en 2022 et Al Jazeera a obtenu les droits télé du championnat de football de Ligue 1 et de la coupe d’Europe.

Cet intérêt du Qatar pour le sport lui donne une image positive auprès de l’opinion publique française.

Les relations chaleureuses entre l’émir du Qatar et les Autorités françaises se sont manifestées par une convention fiscale qui exonère le Qatar d’impôts. Il est paradoxal d’accueillir à bras ouverts les capitaux étrangers au moment où l’excès d’impôts incite nombre de capitalistes français à envisager l’exil fiscal.

Mais les Qataris savent être généreux, par exemple pour le sauvetage des infirmières bulgares, ou pour la création d’un fonds de 50 millions d’euros destiné à la création d’entreprises par les jeunes des banlieues.

Et c’est là que le bât blesse ! Que veut réellement ce pays dirigé par un islamiste convaincu en étant aussi présent en France, particulièrement auprès des 10% ou plus de la population française de confession musulmane ?

En réalité la position du Qatar est très ambigüe. La réputation du Qatar doit beaucoup à la chaîne de télévision Al Jazeera, concurrent redouté de CNN ou BBC. Al Jazeera diffusait avec empressement les messages de Ben Laden. Elle donne la parole au prêcheur islamiste Qaradawi qui exprime sa haine des Juifs, recommande la lapidation des femmes adultères, et la mort des homosexuels et des apostats. Au point que notre gouvernement vient de lui refuser l’entrée sur le territoire français. Quant au gouvernement qatari il soutient en Égypte les salafistes, plus extrémistes encore que les frères musulmans, et maintient des rapports étroits avec le Hezbollah, le Hamas, et les talibans.

À l’inverse, le Qatar entretient les meilleures relations avec les Occidentaux, a eu des contacts avec Israël jusqu’en 2009, et s’est rangé aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne lors du conflit contre Khadafi.

En résumé, l’argent provenant du gaz a été intelligemment utilisé pour permettre à cet émirat de jouer un double jeu auprès de tous les acteurs, les gentils comme les méchants, de la scène internationale.

Mais jusqu’où va-t-on laisser l’argent qatari pénétrer notre économie, et influencer nos dirigeants comme nos concitoyens ?

Roger Cukierman © Judaïque FM (chronique du 2 avril 2012)